Intentions

J’ai entendu ce texte pour la première fois sur France Culture, grâce à une amie qui en avait réalisé l’adaptation. J’ai ressenti instinctivement l’importance que ces paroles avaient pour moi. Un sentiment de colère sourde et enfouie s’était mis à résonner. Colère sourde en chacun de nous, fils et petits-fils d’émigrés, d’exclus et d’opprimés, véritables « héros » de ce siècle, oubliés par la société moderne et son Histoire.
Il me parut évident que ce texte devait être entendu. Et à travers une adaptation filmique, je pouvais affirmer moi-même ce qu’Enzo Cormann avait écrit.
J’ai choisi pour adapter le procédé dramaturgique de l’écrivain, de conserver le texte tel quel, interprété par une seule voix, toujours off, tandis que plusieurs portraits d’hommes différents se succèdent à l’image, et de préserver le sentiment de confusion des divers personnages et de leur histoire.
Des images d’archives apparaissent au cours du film, destinées à représenter la mémoire de ses hommes et nous ramener à notre mémoire collective.
Le spectateur est peu à peu gagné par le sentiment d’une sorte d’universalité de cette oppression, qui se répète à travers le temps, voire se transmet de générations en générations pour se conclure par la colère de la dernière génération pour qui la liberté et la vie ne peuvent plus avoir de sens.

Stéphane Elmadjian

Le film est tiré de l’adaptation radiophonique par Blandine Masson, interprétée par Féodor Atkine, d’une oeuvre théatrale de Enzo Cormann, éditée aux éditions de Minuit, Je m’appelle (Enzo Cormann – 1999).
Esquisse d’un mémorial des victimes d’un siècle de guerre (économique) mondiale.
https://www.cormann.net/

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