Note d’intention réalisation
Comme pour mon film précédent « Love he said », c’est un reportage audio qui m’a interpellé et qui est à la base ce projet.
L’émission radiophonique « Les pieds sur terre » de France Culture, est faite de reportages sur la vie quotidienne des gens de notre époque, sans commentaires, style monologue.
Dans l’épisode concerné, Laurence, la femme interviewée, raconte ses expériences malheureuses sur des sites de rencontres en ligne. Laurence se confronte à sa propre contradiction, elle fait des allers retours entre la quête du véritable amour et le consumérisme boulimique de sexe sans lendemain. Elle devient progressivement accro à son téléphone portable, aux textos et aux réponses immédiates.
Laurence est un personnage complexe, contradictoire, humain. Je me suis identifiée à Laurence, son récit m’a fait prendre conscience de mon rapport aux autres et à ma propre dépendance à mon téléphone portable.
Le besoin de faire ce film s’est alors imposé.
Sur les sites de rencontres et les réseaux sociaux, je me suis aperçu que j’étais réduite à un assemblage grotesque de mes selfies, photos et vidéos, comme un avatar de jeux vidéo de mon propre corps «vendable et baisable» dépourvu de toute âme.
Des émoticônes, des likes tapent directement, sans filtre, sur mon cerveau et provoquent en moi une sensation de satisfaction immédiate. Le shoot du narcissisme, le shoot de dopamine et j’en veux encore et encore plus, et je consulte les notifications toutes les dix minutes. Je suis devenue dépendante des petits pouces bleus, de la sonnerie du message reçu et de la lumière bleuâtre que mon téléphone émet quand quelqu’un m’a laissé un message. “Mon téléphone est une partie de moi, c’est mon techno-organe masturbateur” – Paul B. Preciado.
Avec l’animation je dépasse le réel du récit audio et faire un pas de côté en utilisant différents styles graphiques. Il sera un jeu entre le réel de l’audio et l’imaginaire du dessin qui me permettra d’exprimer mes sentiments mêlés en tant que femme, objet et techno consommatrice que je suis.
Omniprésent dans le film, le langage propre aux textos et messages du téléphone est détourné et envahissant.
« Love me true » est un film sur notre quotidien où l’amour est remplacé par un produit en promotion au supermarché, un like, ou un petit cœur, sur ma photo de profil.
