interview de Madonna Thunder Hawk
Quel est le propos qui vous importe le plus dans Warrior Women ?
Madonna Thunder Hawk : C’est la place qui est donnée, pour la première fois, à notre voix et à notre histoire en tant que femmes au sein du mouvement. Quand j’ai rencontré Beth (Elizabeth A. Castle), le film devait être éducatif, quelque chose d’utile pour les écoles, quelque chose pour faire changer le récit habituel de notre histoire… En Pays Indien, les femmes sont vraiment sur le terrain et tu ne peux pas trouver plus authentiques que les femmes avec lesquelles je travaille. Nos voix ont toujours été négligées car nous étions occupées à organiser le mouvement. En fait, nous n’avons jamais le temps de faire notre auto-promo. Le film nous aide dans ce sens là.
Marcy : Pour moi, il s’agit du pouvoir des femmes, celles qui ont été rendues invisibles pendant l’émergence du Red Power. Il n’y a pas de traces de tout le travail qu’elles accomplissaient. Les gens n’ont vu que des hommes au premier plan. Tout le monde a présumé que c’était le cours normal des choses. Mais ce n’est pas comme ça que les choses se sont passées. Ce sont ces femmes qui ont été au cœur de l’action. Et c’est bien que le film mette en premier plan le travail qu’elles ont fait.
Quels débats espérez-vous voir émerger avec ce film ?
Madonna Thunder Hawk : Tout dépend du public. Pour le public non-autochtone, certains qui, je le sais, sont le plus souvent coincés par des notions académiques, le débat va commencer par leur donner une idée de la réalité du terrain. Ce qui m’importe beaucoup, c’est d’écouter les jeunes Indiens et les protecteurs de l’eau. Je suis plus intéressée par ce qu’ils ont à nous dire. C’est leur monde maintenant ! Donc j’ai espoir que l’on puisse démarrer un débat au sujet de comment, en tant qu’anciennes, nous pouvons soutenir ce qu’ils font, et j’espère que ce sera à double sens, avec des échanges des deux côtés (pas juste moi en train de parler, blablabla, sur mon « passé glorieux », ce genre de bullshit). Il faut que tout ça suscite des débats pertinents dans toutes nos communautés et ailleurs, là où ça compte.
Marcy : J’espère que les débats soulevés par les spectateurs seront constructifs, et susciteront une forme de responsabilisation. Qu’ils prennent des responsabilités pour leurs propres ressources en eau, l’éducation de leurs enfants.. Peu importe ce dont il s’agit, pourvu que les gens prennent conscience et agissent. Nous allons avancer en tant qu’êtres humains. Pas en tant que « races » ou « genres ». Nous sommes au-delà de çà. Il est temps de s’en rendre compte et d’avancer.
Je comprends pourquoi mes ancêtres ont mis leur vie en jeu
Madonna Thunder Hawk