Parmi les surprises que le film réserve, il y a la présence de Lady Di par le biais d’images d’archives. Comment est née cette idée ?
Tout est parti du personnage du magicien. On a commencé à chercher les métiers que le Pôle emploi pourrait lui proposer après qu’il ait perdu le sien. On avait d’abord pensé à en faire le garde-malade de Michael Jackson ! C’est ainsi que, de fil en aiguille, on est arrivé à Lady Di, dans cette même idée de jouer avec des icônes qui puissent parler différemment aux gens selon leur génération. Dans ces moments-là, les plus jeunes ne voient plus le même film que les autres puisque leur rapport à Lady Di est différent. Cette différence de sensations nous intéresse. Car notre film n’a pas de cible présupposée. Les figures du magicien ou de l’ogre peuvent de prime abord n’évoquer qu’un film destiné à un public enfantin mais la réalité est tout autre. Ce n’est pas notre rôle de cinéastes d’enfermer le film dans une catégorie de public.
Qu’est ce qui change le plus dans votre travail entre long et court métrage ?
Tout le monde nous avait toujours averti que ce serait différent, qu’un court et qu’un long « ce n’est pas la même chose » tout en restant d’ailleurs beaucoup dans le flou sur ce que ça voulait dire, qu’on aurait à faire plus de compromis. Mais nous, on a abordé Les voisins de mes voisins sont mes voisins comme un film ! Un film est un film, court ou long, il doit fonctionner et c’est tout. On a l’habitude de penser à ce bon mot de Coluche : « La bonne longueur pour les jambes c’est quand elles touchent par terre !». Il n’y avait aucune raison qu’on modifie en profondeur notre manière de travailler et d’aborder le cinéma. Ça fait 20 ans qu’on fait des films d’une façon absolument libre et on a continué comme ça. On est juste heureux de la proposition qu’on a faite et d’y avoir mis une énergie identique mais sur un temps de fabrication plus long. On n’a pas agrandi notre équipe de fabrication, on n’a pas délégué telle ou telle parties du travail. C’est une chance inouïe de pouvoir se concentrer pendant 4 ans sur une création d’une heure et demie.
Avez-vous déjà le film suivant en tête ?
Oui ce sera une adaptation des Fleurs bleues de Raymond Queneau en fiction, non animée. Une idée qu’on a avait en tête bien avant de faire Les voisins de mes voisins sont mes voisins. Un deuxième long métrage donc. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne reviendra pas un jour au court. On ne se vit pas comme des professionnels de la profession. Notre vie n’est pas mue par l’obsession de faire des films. On comprend parfaitement Béla Tarr qui décide d’arrêter quand il estime qu’il n’a plus rien à raconter de nouveau pour le moment. Il faut qu’un film s’impose à nous, sans quoi on n’a aucune raison de faire du cinéma. On ne construit pas une carrière. Pour Les Fleurs bleues, on réfléchit actuellement à la manière de le fabriquer, à trouver un dispositif de tournage qui ne soit pas trop lourd, sans équipe énorme pour rester précisément dans notre rythme de fabrication, notre cohérence de travail et de résultat.